Il y a derrière cette porte tout un monde.
Un monde qui m’a échappé,
Un monde grandiose.
Ce monde est mon seul espoir.
Aucun mot ne pourrait réellement mettre le doigt sur ce qui est derrière cette porte.
Face au mystère qu’elle impose, les mots ne signifient plus rien.
Mais c’est pourtant ces mots qui sont les outils que j’ai reçu pour essayer de décrire ce qui virevolte là-bas .
Il a été difficile de trouver cette porte.
Je l’ai aperçu ici et là depuis l’enfance.
Ce n’était qu’un point rouge…
Un point rouge flamboyant et persistant qui brillait à la fois discrètement et fièrement dans le ciel gravement sombre de la nuit.
Ce point rouge a toujours été inévitable, pourtant j’ai souvent l’impression d'avoir était seule à le remarquer.
À chaque fois que ce point rouge faisait son apparition dans mon regard, je ne pouvais plus le quitter des yeux, je devais le regarder jusqu’à ce qu’il disparaisse de ma vue.
J’ai toujours su que ce point rouge était une marque d’espoir, un échappatoire.
Et j’ai toujours voulu m’échapper, je ne sais pas exactement pourquoi.
J’ai fugué de chez moi, je voulais juste partir, j’ai voulu m’échapper de cette vie beaucoup…
Je suis en cavale, il n’y a que là que je me sens bien, quand je suis sur la route vers quelque chose d’autre.
Pour moi ce point rouge est ce quelque chose d’autre.
Il m’a fallu du temps pour comprendre que ce point était une porte.
Il m’a fallu des années de peines, des années d'espoirs brisées pour pouvoir voir ce point rouge de plus prêt.
Chaque coup de la vie, chaque larme de désespoir m'ont rapproché du point, jusqu’au moment où j'ai pu constater que ce point était en réalité une belle porte rouge.
Mes espoirs brisés m’ont guidé vers l’espoir grandiose et mystérieux que dégage cette porte.
Plus rien n’a de sens, il faut que je trouve cette putain de clé.
Le fait de me rapprocher de cette porte m'enivre, cela me sauve de moi-même.
Je n’ai pas trouvé la clé, mais je sens dans mon corps affaibli le raisonnement des vibrations du monde qui se trouve derrière cette porte.
C’est là,
Juste derrière,
Je le sens,
C’est grand,
C’est extrêmement puissant,
C’est salvateur.
Toi,
L’enfant sauvage qui est de l’autre côté de la porte,
Tu tombes et je tombe aussi,
Tu me tends la main
Mais je ne peux pas l'attraper.
Je ferme les yeux juste pour t’apercevoir,
J’ai fermé les yeux si longtemps depuis notre dernière danse.
Tu as marqué ma fin…
Regarde moi couler,
Regarde mon désespoir,
Regarde ma peine,
Regarde ma haine,
Regarde mes nombreuses failles et mes grandes faiblesses.
Regarde mon âme s’enflammer comme elle l’a déjà fait avant.
Je brûle, je hurle et je crache ma douleur.
Je m’écrase et je m’enfonce dans des marécage boueux sans fin, il fait noir, très noir. On y voit plus rien mais on sent tout.
C’est terrible.
La douleur s'agrippe.
La mort me nargue.
Je me débat pour repousser cet échappatoire, ce n’est pas le mien.
J’ai une porte rouge moi!
Le voyage que je dois faire pour en trouver la clé est ce que je dois vivre.
Ce voyage va me donner l’indescriptible,
Une immensité que je me dois de donner à l’aube, au soleil naissant…
Le soleil rose des matins fabuleux puisera dans la force de l'immensité pour s’élever.
La douleur ne me quittera jamais
Je dois la transformer.
Un jour, cette douleur ne m'enfoncera plus dans le marécage,
Un jour, sa puissance me propulsera vers l’immensité et tous ces possibles.
Les cailloux de douleur qui se forment dans mon corps vont se dissoudre et se transformer en poudre d’or.
Le soleil naissant en sera éclaboussé et puis l’or coulera dans mes veines et emportera mon âme vers la grandeur.
Je veux tout.
Je suis comme lui, comme cet enfant sauvage qui me nargue depuis l’arrière de cette porte.
Oui, je veux la rose flamboyante et pour cela il faut que j'apprivoise ces épines féroces et majestueuses.
J'aime les épines aussi.
Cette douleur est la plus belle, elle m’appartient complètement.
L’enfant terrible à trouver la clé.
De le savoir là-bas me transperce le cœur.
De le savoir là-bas me bouleverse de bonheur.
Le bonheur indescriptible.
Les mots que j’ai en ma possession sont trop petits pour exprimer ce qui se passe dans mon cœur lorsque je l’image heureux derrière cette porte.
Il virevolte là-bas derrière…
Dans la majestuosité, la puissance joyeuse.
L’enfant terrible me manque beaucoup trop.
Un manque qui se fait sentir dans la moindre cellule de mon corps.
Un manque qui fait écho jusque dans les recoins les plus dissimulés de mon âme.
Pourtant lorsque je l’imagine là- bas, je pleure de bonheur.
Là- bas, le paysage est aussi sauvage que l’enfant.
Là- bas, l’enfant brille, il a trouvé la clé.
Et soudainement, comme un éclair de lumière s’offre furtivement…
J’ai vu un trait de lumière s'éclairer depuis derrière la porte.
Cette lumière est passée sous la porte, elle a éclairé mon visage une fraction de seconde.
Et puis elle a disparu…
C’était si rapide!
Est-ce vrai?
L'ai-je imaginé?
C’était comme une étoile filante.
Une lumière venue de loin.